PLUS ON EN FAIT, MOINS CA MARCHE : LE PIEGE DE L'ÉNANTIODROMIE

Plus j'essaye de m'endormir, moins j'arrive a` m'endormir. Plus je travaille, plus je suis fatigué et moins mes résultats sont bons. Plus j'accélère lorsque ma voiture est ensablée, plus je m'enfonce dans le sable. La transformation d'une chose en son contraire est toujours surprenante mais, finalement, assez prévisible. On appelle cela : l'énantiodromie.
Parfois, c'est risible, souvent pas trop grave mais, sur des sujets sérieux, cela peut avoir des conséquences inattendues.

Prenons comme exemple l'humour : normalement, on peut rire de tout et de tout le monde. Mais certaines personnes vous diront de ne pas faire trop de blagues sur les homosexuels, sur les Noirs, sur les Juifs ou sur les Arabes. Pour ne pas stigmatiser une communauté ou une minorité. Ou pour ne pas encourager le racisme ou l'homophobie.
Sauf que si l'on ne fait plus de blagues sur les homosexuels, par exemple, cela veut dire qu'on ne les considère pas comme tout le monde. Puisqu'on a le droit de faire des blagues sur tout le monde, normalement.



 Le piège se referme sur ceux qui avaient les meilleures intentions au départ : car si les homosexuels sont des personnes comme les autres, alors on a le droit de plaisanter a` leur sujet comme on plaisante avec tous les autres. Et ceux qui veulent interdire les blagues sur les homosexuels, par exemple, obligent donc a` considérer les homosexuels comme des personnes différentes a` propos desquelles il ne faut pas faire trop de blagues.

Enantiodromie : ceux qui prétendent défendre les homosexuels sont ceux qui leur rendent le plus mauvais service en définitive : vouloir obliger les autres a` considérer les homosexuels comme des personnes normales mais les considérer comme différents en même temps. 
Et ceci est valable pour les blagues sur les Noirs, les Juifs ou les Arabes. Ils sont comme tout le monde ? Alors, puisqu'on rit de tout le monde, on doit pouvoir rire avec eux et d'eux. 



Une discrimination anti-enfants ?


Autre exemple d'énantiodromie sur le même sujet : qui a fait remonter l'homophobie en France ? Les socialistes avec le "mariage pour tous".
Impossible, direz-vous ! C'est tout le contraire : les socialistes ont voulu donner plus de droits aux couples homosexuels.
Sauf qu'en transformant un sujet d'ordre privé (la vie de couple) en débat national, les socialistes ont provoqué des réactions, des manifestations, des oppositions.
Avant la loi sur le "mariage pour tous", l'homophobie régressait en France et les homosexuels pouvaient vivre leur vie comme ils l'entendaient. Depuis 2013, l'homophobie progresse de nouveau en France. La faute a` qui ? Aux socialistes qui, avec de bonnes intentions de départ, ont mal géré une problématique juridique = énantiodromie. 




Pour le féminisme, pareil. Beaucoup d'énantiodromies dans ce militantisme.
Exemples :
- respecter les femmes est évident. Lutter contre les violences faites aux femmes est une nécessité. Un site "Balance ton porc" a été créé par des femmes pour "balancer" les hommes qui se comportent mal vis-a`-vis des femmes. Mais si des hommes (victimes de harcelement) créaient un site nommé par exemple "Balance ta salope", nul doute que les féministes contesteraient et demanderaient l'interdiction du site.
- la presse féminine ne parle que de drague, de sexe concernant les rapports hommes-femmes : les féministes veulent que les hommes soient plus respectueux des femmes (dans la drague, par exemple). Doit-on interdire la majorité des magazines féminins ?
- Enfin, concernant l'image de la femme, les féministes s'offusquent de publicités sexistes ou` l'on voit des femmes trop souvent dénudées vanter des produits de consommation courante. Elles n'ont pas tort. Mais lorsque nous allons chercher des photos de femmes (au travail ou en vacances) sur des sites de partage gratuits pour illustrer nos articles, nous sommes effarés de voir le nombre d'adolescentes qui posent nues, a` moitié-nues ou dans des postures suggestives. Plus le féminisme tente de s'imposer, plus on voit sur Internet des adolescentes s'exhiber et mettre en avant leur physique et non pas leurs qualités personnelles : énantiodromie.



 Comme on le voit dans des exemples "sérieux", l'énantiodromie est un véritable problème trop souvent ignoré : on veut bien faire, on a de bonnes intentions mais on en fait trop (ou mal) et cela aboutit exactement a` l'effet inverse de celui que l'on souhaitait.
Car plus (et trop) d'une même chose aboutit au contraire de cette chose.

Un dernier exemple : les administrations. Pour qu'une administration soit efficace, il faut qu'un certain nombre de fonctionnaires y travaillent. Mais si l'administration grossit trop, elle devient ingérable. Pire, l'administration finit par travailler pour elle-même, plus pour les administrés. Ou alors, elle passe une majeure partie de son temps a` résoudre les problèmes que lui crée sa taille trop importante. 
En France, la majorité des administrations sont victimes d'énantiodromie. Elles fonctionnent de plus en plus en cercle fermé, juste pour justifier leur existence, et rendent de moins en moins les services pour lesquels elles avaient été créées.




 Comment lutter le plus efficacement contre l'énantiodromie ?
1) en en ayant conscience.
2) en observant les situations ou` elle commence a` se manifester : lorsque "plus j'en fais, moins ça marche".















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