PENSÉES POUR LE MONDE D'APRES (3eme partie)

Pendant le confinement pour cause d'épidémie de coronavirus, certains (la majorité) ont fait preuve de civisme et d'esprit de responsabilité et d'autres de négligence voire de "j'm'en foutisme".
Et encore une fois, cette scission entre deux parties de la population française n'a rien eu a` voir avec les scissions conventionnelles de la société française : aucun rapport avec les préférences politiques, aucun rapport avec une appartenance professionnelle quelconque.
La scission a eu lieu aux deux extrémités de la société française : en haut et en bas.

En bas, le confinement a parfois eu du mal à être respecté par les classes populaires. Pour différentes raisons : non-respect habituel des codes sociaux, difficulté a` respecter les lois en vigueur mais aussi évidemment pour des raisons liées a` l'habitat (petits appartements, familles nombreuses dans des appartements exigus, environnement immédiat difficile a` supporter).
Plus surprenant cette fois, le confinement a eu aussi du mal à être respecté "en haut", par les classes dites "supérieures" : Parisiens et autres urbains aisés de grandes villes se rendant dans leurs résidences secondaires APRES le début de la période de confinement (Paris a perdu 10% de sa population habituelle depuis la veille du confinement obligatoire en France et pendant le confinement), personnalités connues du monde économique (patrons, managers) faisant des allers-retours entre leur résidence secondaire (lieu officiel de leur confinement) et leur lieu de travail habituel en région parisienne. Alors que, pendant ce temps, ministres et députés montraient l'exemple en respectant le confinement.

Cette proximité de comportement entre le haut et le bas de la société française pourrait surprendre si l'on oubliait les travaux du sociologue Pierre Bourdieu. Car celui-ci avait démontré il y a plus de 40 ans que les plus riches et les plus pauvres avaient des "habitus" beaucoup plus communs qu'on ne pouvait le penser. La seule différence (et de taille) étant la différence de revenus.
Mais pour le reste, les comportements des classes sociales favorisées et des classes sociales défavorisées sont extraordinairement stéréotypés et rigides : façons de s'habiller et de se comporter montrant l'appartenance de classe, style de loisirs et d'occupations immuables, façons de parler caractéristiques, désir de s'exonérer des obligations sociales, culture de l'entre-soi, etc...
Bourdieu pensait que le salut des sociétés modernes viendrait des classes moyennes. Et force est de constater que, pendant la période de confinement, ce furent les classes moyennes qui ont respecté ce confinement avec le moins d'exceptions.

Les pensées pour le monde d'après ne sont donc pas superflues pour tout le monde...