COMMENT TIRER PROFIT D'UN ÉTAT DE SIDÉRATION ?

Etre sidéré, c'est plus qu'être choqué, surpris, décontenancé, déstabilisé. C'est être pris totalement a` contre-pied par une situation. La sidération est un état bien particulier qui peut être soit positif, soit négatif.

La personne victime de sidération ne ressent plus rien, se sent déconnectée, dans une anesthésie physique et psychique comme si son corps et son cerveau étaient provisoirement éteints.

 

Nous ne traiterons pas de deux cas de sidération dans cet article :

- la sidération positive, qui se rencontre dans les états d'éveil, de pleine conscience, dans les états dits "mystiques".

- la sidération traumatique, qui se rencontre lors de deuils, d'événements subits et fortement négatifs et dont les causes sont le plus souvent imprévues et extérieures.

Nous allons parler de la sidération négative qui survient lors d'interactions humaines courantes et qui peut être l'occasion d'une formidable prise de conscience.

Car l'état de sidération comporte plusieurs phases :

- l'état de surprise.

- l'état de sidération proprement dit, de déconnexion d'avec le réel.

- l'état de prise de conscience.

 

Tout le monde a déja` vécu des états de sidération mais il est probable que peu de personnes en aient réellement tiré profit.

Pour que tous nos lecteurs saisissent bien ce qu'est un état de sidération, nous allons prendre un exemple concret personnel et significatif.

 

 

Nous dînions un soir chez une amie a` Paris qui avait d'ailleurs préparé un succulent dîner. 

Dans la conversation, nous lançons la phrase suivante :

"J'ai vraiment bien aimé le livre que je t'ai emprunté il y a 10 jours lorsque j'étais venu. Très intéressante cette approche du stoïcisme.

- Je n'y crois pas ! Tu t'es permis de prendre un livre dans ma bibliothèque et de l'emporter chez toi sans me prévenir ? Tu as vraiment une bonne éducation !"

 

Sous le choc de l'attaque totalement inattendue et totalement déconnectée de la "bonne" ambiance apparente du dîner, nous sommes sidérés.

Nous aurions pu répondre que nous lui avions dit que nous empruntions ce livre il y a 10 jours mais qu'elle ne nous avait sans doute écouté que d'une oreille distraite, que ce n'était pas notre genre d'emprunter des objets chez quelqu'un sans le dire, que ce n'était pas une affaire d'Etat, mais non.......

Nous n'avions pas envie de répondre. Cela ne valait pas la peine de répondre.

 

Dans notre état de sidération, nous continuions de manger mécaniquement, sans plaisir, tandis qu'une étrange tristesse (profonde mais pas vraiment désagréable paradoxalement) nous envahissait.

Mais cette tristesse se dissipa rapidement pour aboutir a` une prise de conscience : cette personne n'avait donc aucune considération pour nous, notre relation pouvait trébucher sur des broutilles aussi insignifiantes, cette personne nous observait plus qu'elle ne nous appréciait.

Nous avons fini le dîner en silence. Nous avons pris congé. Nous n'avons plus jamais revu cette personne. Nous n'avons plus jamais répondu a` ses appels téléphoniques.

Et tous les aspects négatifs de la relation avec cette personne (que nous avions jusqu'alors négligés) sont venus au premier plan de notre conscience dans un éclairage sans concessions.

Ce petit exemple (que tout le monde a vécu sous une forme ou une autre) de sidération montre bien l'intérêt qu'il y a a` aller jusqu'au bout du processus : ne pas rester dans l'état de sidération ni le considérer juste comme un mauvais moment a` passer mais tirer profit de la prise de conscience qui s'effectue pendant l'état de sidération pour prendre ensuite les décisions appropriées.