"ÇA TE FERA DE LA PUB !" : LE DRAME DES FREE-LANCE ET AUTRES CONSULTANTS INDÉPENDANTS

Certaines entreprises sont souvent prêtes a` payer des sociétés de conseil une fortune mais, lorsqu'il s'agit d'indépendants et de free-lance, elles n'ont soudain plus de trésorerie pour les payer.

Et revient alors la sempiternelle formule : "On ne peut pas te payer actuellement mais on parlera de ton travail a` nos clients et ça te fera de la pub !"

Depuis quelque temps, la formule a un peu évolué. Désormais, on parle de "visibilité".

Mais le résultat est le même : on veut vous faire travailler gratuitement.

Ce n'est vraiment pas ainsi que l'on va redorer la "valeur travail".

Car il y a quand même une énorme contradiction a` dévaloriser le travail en payant de moins en moins les professionnels, qu'ils soient salariés (smicardisation croissante des emplois) ou indépendants (tergiversations pour payer les prestations de services) et, dans le même temps, a` ne cesser de parler du travail qui épanouit, du travail qui valorise et du travail qui libère.

Et ne parlons pas des seniors que l'on tente de faire travailler gratuitement en ayant le culot de leur dire que c'est presque un honneur de leur donner du travail (a` leur âge !)

Voici le témoignage récent d'une free-lance qui confirme cette tendance détestable a` vouloir faire travailler les gens sans les payer :
 

"Je n’interviens pas comme conférencière gratuitement.
Et j’aimerais que l’on arrête de me le demander.

Plusieurs fois par mois, je reçois des propositions d’intervention pour des conférences ou des ateliers.

La proposition est souvent la même : venir parler de mon sujet d’expertise en échange de visibilité. On me propose donc du travail gratuit.

J’en ai déjà parlé ici et j’en reparle de nouveau car les pratiques ne changent pas. Récemment, plusieurs consoeurs se sont exprimées sur ce sujet et je vois bien que c’est une pratique généralisée.

Et je ne parle pas ici seulement d’associations qui n’auraient pas de budget. Je parle d’entreprises et d’organisations qui ont assez de budget pour organiser un événement, pour payer les dépenses de communication mais qui n'ont soudainement plus rien pour les intervenantes.

Par ailleurs, je trouve ça encore plus incroyable d’oser demander à une femme de venir s’exprimer sur l’émancipation économique en lui demandant de le faire gratuitement. Je cherche encore la cohérence dans la demande.

Demander à une personne d’intervenir gratuitement, c’est nier son expertise. Une expertise que l’on met souvent plusieurs années à acquérir. Et qui a de la valeur."

 E.D.