RECRUTEMENT : UN DÉCALAGE DE PLUS EN PLUS IMPORTANT ENTRE LES ATTENTES DES ENTREPRISES ET LES ATTENTES DES CANDIDATS

Comme il existe actuellement des secteurs d'activités dits "en tension" qui peinent a` recruter, il est de bon ton d'affirmer sans preuve que les salariés Français sont actuellement trop exigeants et que les chômeurs sont des fainéants qui ne veulent pas accepter n'importe quel travail a` n'importe quel prix.

Pour éviter toute discussion polémique stérile, précisons que :

- les secteurs en tension sont toujours les mêmes depuis 10 ans voire plus pour certains : des secteurs qui paient mal, aux conditions de travail difficiles et/ou contraignantes, avec des contrats de travail précaires ou intermittentes. Rien a` voir donc avec la crise sanitaire du Covid sauf que celle-ci a révélé encore plus la désaffection pour ces secteurs d'activités.

- le pourcentage de postes réellement non pourvus en France est de 6% environ sur le total des postes proposés. Bien loin des centaines de milliers d'emplois qui seraient non pourvus et qui permettraient de résorber en grande partie le chômage selon certains médias qui relaient des "fake news" non dénuées d'arrières-pensées politiques.

- rappelons également qu'il existe de plus en plus de travailleurs "pauvres" : intérims aléatoires, temps partiels subis, travail saisonnier intermittent, etc...

Mais il existe bien en France un décalage de plus en plus important entre les attentes des entreprises et les attentes des candidats (qui concerne de nombreux secteurs d'activités et non pas uniquement les secteurs dits "en tension").

Nous allons prendre comme exemples les attentes les plus importantes au yeux des recruteurs et leur opposer les attentes les plus importantes aux yeux des candidats : le décalage sera encore plus parlant.

1) les recruteurs déplorent le manque de compétences des candidats en informatique et bureautique mais de nombreux candidats se voient refuser des postes en télétravail.

2) les recruteurs déplorent le manque de motivation des candidats mais les candidats déplorent le faible niveau des salaires proposés, les faibles possibilités d'augmentations de salaires ou d'évolution de carrière.

3) les recruteurs déplorent le manque de flexibilité des candidats alors que la France est devenue l'un des pays au monde ou` la flexibilité au travail est la plus généralisée.

4) les recruteurs déplorent le manque d'aptitude a` la communication écrite et verbale des candidats alors que la communication interne de nombreuses entreprises se résume a` des notes de service et la communication extérieure a` de la "langue de bois", des éléments de langage formatés ou des platitudes.

5) les recruteurs déplorent un manque de compétences techniques des candidats mais ceux-ci sont souvent demandeurs de formations qu'ils n'obtiennent pas toujours.

6) les recruteurs déplorent le manque d'appétence pour le travail en équipe des candidats mais les candidats déplorent les mises en concurrence de plus en plus courantes des individus au sein des équipes.

7) les recruteurs déplorent le manque de fiabilité des candidats et les candidats déplorent souvent le manque de fiabilité du management.

8) les recruteurs déplorent le manque d'esprit critique des candidats mais les candidats savent parfaitement que la majorité des entreprises voient d'un mauvais oeil les employés qui remettent en question des process ou critiquent des habitudes inefficaces et/ou improductives de l'entreprise.

On le constate, le décalage est important entre les attentes des entreprises et les attentes des candidats. Et les entreprises attendent unilatéralement des candidats qu'ils se remettent en question et fassent des efforts pour s'adapter aux attentes des entreprises. Sauf que beaucoup d'entreprises oublient de remettre en question certaines de leurs attentes et certaines de leurs façons de faire.

Si personne ne fait d'efforts, le décalage attentes des entreprises-attentes des candidats n'est pas prêt de se résorber.