IL EST PLUS IMPORTANT DE COMPRENDRE CE QUI SE PASSE ICI-MAINTENANT QUE DE COMPRENDRE POURQUOI CELA ARRIVE !

Perdre son temps a` vouloir savoir pourquoi empêche souvent de savoir quoi faire.

Evidemment, beaucoup de disciplines sont basées sur la recherche du "pourquoi". La plupart des sciences veulent savoir pourquoi les choses sont ainsi. La plupart des sciences mais pas toutes : les mathématiques, par exemple, utilisent des axiomes non démontrés et des concepts non explicables pour construire des équations qui fonctionnent concrètement.

Par exemple, que signifie réellement le mot "cinq" ? Quel est le sens du mot "cinq" ? En fait, le plus important est l'utilisation que l'on peut faire du chiffre "5" (quoi faire). Pas de savoir le "pourquoi" du mot cinq.

 

 

La` ou` cela se complique vraiment, c'est lorsqu'on applique la recherche du "pourquoi" a` l'homme, aux sciences humaines (qui ne sont pas des sciences, d'ailleurs). 

C'est l'objet notamment de la psychologie et de la psychanalyse : "Pourquoi en suis-je arrivé la` ? Pourquoi est-ce que je réagis comme cela ? Pourquoi m'arrive-t-il toujours cela dans ma vie ?"

La logique voudrait que l'on recherche les "pourquoi". 

 

Mais l'on parvient vite a` des paradoxes :

 - parmi toutes les raisons qui pourraient expliquer ce que nous vivons aujourd'hui et dont certaines remontent a` notre enfance, laquelle est la bonne ? Comment sait-on que c'est la bonne ? Pourquoi avoir choisi telle explication plutôt qu'une autre ? Sur quels critères ? (sans compter que l'on peut passer sa vie a` rechercher des "pourquoi" dans son passé sans jamais les trouver. Ce qui explique, par exemple, les thérapies psychanalytiques souvent interminables). 

- une fois que (par chance) on a trouvé une raison dans le passé qui expliquerait notre comportement actuel, cela change quoi ? Le plus souvent, l'action précède la prise de conscience et non pas l'inverse. Ce n'est pas parce que l'on a tout compris que l'on peut agir mieux. Encore faut-il le pouvoir !

- enfin, ultime paradoxe, si de nombreuses causes du passé expliquent ce que nous sommes devenus aujourd'hui, nous n'y pouvons rien changer puisqu'on ne peut pas modifier son passé. Les causes de notre passé sont immuables et nous ne pouvions donc pas éviter ce qui nous arrive aujourd'hui puisque ce qui nous arrive est justement la conséquence de tout un tas de causes passées. Alors, a` quoi bon comprendre, a` quoi bon s'engager dans une psychanalyse longue et couteuse puisque le passé est le passé ?

 

 

 

Tous ces arguments furent magnifiquement exposés il y a 40 ans par les fondateurs de l'Ecole de Palo Alto (notamment dans le livre "Changements").

 

 

 

Mais alors, si la recherche des "pourquoi" est souvent vaine, que faire pour changer les choses ici-maintenant ?

Plutôt que de réfléchir aux "pourquoi cela arrive", il est beaucoup plus productif de se demander : "quoi faire pour changer les choses ?" Mais aussi : "comment faire ?"

"Quoi faire" avec ce que l'on a présentement, avec ce que l'on sait, avec ce que l'on peut, avec ce que l'on souhaite.

On n'a pas besoin de tout comprendre pour agir : bon nombre de politiciens, de managers et de leaders agissent dans des environnements incertains sans posséder toutes les informations idéales (tous les "pourquoi"). Et cela ne les empêche pas d'agir correctement et pertinemment la plupart du temps.

Parce que, quel que soit votre passé, vous agissez toujours avec ce que vous avez au moment présent. Ni plus ni moins.

 

 

 

NB : nous ne décourageons pas celles et ceux qui voudraient néanmoins savoir "pourquoi", qui voudraient tenter de comprendre. Nous disons simplement que si cela peut s'avérer utile, cela n'est pas indispensable pour agir, changer et faire évoluer les choses.