ETRE VICTIME DE L'ÉNANTIODROMIE ET OBTENIR L'INVERSE DE CE QUE L'ON SOUHAITE, CE N'EST PAS TOUJOURS PLAISANT !

L'énantiodromie signifie étymologiquement : "courir en sens contraire". Et en faisant de l'énantiodromie sa doctrine quotidienne, on finit par obtenir l'inverse de ce que l'on souhaite.

L'énantiodromie peut prendre les formes suivantes :

- faire toujours plus de la même chose aboutit a` autre chose que ce que l'on souhaitait.

- suivre une logique que l'on pense bonne aboutit au résultat inverse a` celui souhaité.

- simplifier a` outrance une problématique complexe ne permettra pas de la résoudre et verra celle-ci se retourner contre le simplificateur.

Tout le monde connaît des phénomènes énantiodromiques dans la vie quotidienne :

- plus il y a de médecins, plus il y a de malades.

- plus il y a de caméras de surveillance, plus il y a de délinquance.

- plus il y a de fonctionnaires, plus les formalités administratives sont complexes.

- plus il y a de traitements, plus il y a de nouvelles maladies.

Cela ne veut pas dire qu'il ne faille pas plus de médecins, de caméras de surveillance ou de fonctionnaires. Cela signifie simplement que "faire plus de la même chose" ne suffit pas a` résoudre des problématiques complexes. Et que, en croyant bien faire, on aggrave parfois des situations.

Comment se sortir de l'énantiodromie ? En pensant global, en adoptant une pensée systémique, en considérant que causes et effets s'enchaînent avec des feed-back complexes qui ne peuvent pas se réduire a` une pensée linéaire simpliste et en sachant sortir du piège conceptuel qui consiste a` croire que l'opposé d'une chose fausse est obligatoirement une vérité.

Autre exemple récent d'énantiodromie, cette fois dans le domaine politique : prétendre vouloir combattre l'extrême droite et faire finalement gagner l'extrême droite.

La séquence énantiodromique fut la suivante :

- duel Macron-Le Pen lors de la présidentielle de 2017.

- on annonce ensuite qu'il ne faut plus que cela se reproduise et qu'il faut combattre l'extrême droite.

- mais avoir l'extrême droite comme adversaire lors d'une présidentielle est pratique car on est quasi certain de gagner. On laisse donc prospérer l'extrême droite tout en prétendant lutter contre ses idées.

- la tactique fonctionne lors de la nouvelle présidentielle de 2022 : nouveau duel Macron-Le Pen qui tourne encore une fois a` l'avantage d'E. Macron.

Mais la machine se grippe lors des élections législatives qui vont suivre car le danger pour la majorité présidentielle n'est plus l'extrême droite mais l'extrême gauche qui a réussi a` réunir la gauche sous une même étiquette : la NUPES.

- on mobilise les électeurs cette fois contre cette alliance de gauche, jugée aussi dangereuse que l'extrême droite. Et l'on se plaît a` mettre sur un pied d'égalité extrême droite et extrême gauche. Pour espérer avoir une majorité absolue a` l'Assemblée Nationale.

- résultat énantiodromique (effet inverse a` celui espéré) : on n'obtient pas la majorité absolue a` l'Assemblée nationale mais seulement une majorité relative, la gauche et l'extrême gauche (NUPES) font un bon score et l'extrême droite fait un score inattendu, un excellent score. On risque donc de se trouver obligé de négocier dans l'avenir avec l'extrême droite a` l'Assemblée Nationale pour pouvoir faire passer des textes de lois.

- double effet énantiodromique : non seulement on n'a pas réussi comme on le prétendait a` faire baisser l'extrême droite mais on a réussi a` tellement la faire monter que l'on est obligé désormais de négocier avec elle.

L'énantiodromie, c'est ça ! Et ça surprend toujours celles et ceux qui ne connaissaient pas son existence.